jean fourastie

Le professeur Daniel Cohen s'est éteint à Paris le 20 août 2023, à l'âge de 70 ans. Au delà des hommages multiples qui prouvent que cette forte personnalité laisse une oeuvre importante, je tiens à souligner surtout que notre Comité a bénéficié, depuis sa création, de ses encouragements et de son concours : pour entretenir la mémoire de Jean Fourastié ; et pour en prolonger l'oeuvre !

 

Ancien élève de l'Ecole normale supérieure (Ulm, 1973) et agrégé de mathématiques, Daniel Cohen fut un brillant représentant de notre tradition scientifique. Il s'orienta vers l'économie, soutenant un thèse de doctorat (Université de Paris-Nanterre, 1986) avant d'être reçu à l'agrégation des sciences économiques en 1988.

Professeur à l'Université Paris I (Panthéon-Sorbonne) il rejoint le CEPREMAP, une association publique qui était chargée depuis 1967 d'étayer la planification française. Daniel Cohen ré-orienta ce centre de recherche qu'il dirigeait vers l'économie du bien-être, l'évaluation des politiques publiques et la coopération avec le monde économique.

Au delà de ses publications académiques, le professeur D. Cohen publia de nombreux essais. Parmi ces livres, je cite seulement, à titre d'illustration : Homo numericus (Albin Michel, 2022) un sujet très actuel ; Le monde est clos, le désir infini (Albin Michel 2015) qui aborde des thèmes assez proches de ceux que traita Fourastié en son temps ; et ses : Trois leçons sur la société industrielle (Le Seuil, 2006) qui dressait un bilan de notre société à la veille la grande crise financière de 2007, faisant écho aux inoubliables : Dix-huit leçons sur la société industrielle de Raymon Aron (Gallimard, 1968) ! Je dois enfin citer son gros manuel de Macro-économie (Pearson), adaptation du textbook américain d'Olivier Blanchard, complétée et ajustée aux programmes français par Daniel Cohen, dix fois réédité, à ma connaissance, depuis une quinzaine d'années !

Je souligne enfin un dette morale de notre Comité envers Daniel Cohen : son initiative de ré-éditer le maître-ouvrage de Jean Fourastié (initialement: Fayard,1979) : Les trente glorieuses, révolution de l'invisible 1946-1975 (Hachette Littérature, 2004) ; sa remarquable présentation situait fort bien ce que nous devons à Jean Fourastié : grand merci, Daniel, de nous avoir laissé ce message !

J'ai toujours apprécié vos trait d'esprit qui sortaient du lot commun: à ceux qui critiquaient votre implication dans une entreprise, vous répondiez, par exemple : « Je prends comme un antidote à l'académisme d'être au contact des problèmes réels ! »! (Nouvel Observateur, 2 avril 2022). Pourrait-on être plus typiquement fourastien ?

Adieu, Daniel et grand merci !

Jean-Pierre Chamoux, président du Comité Jean Fourastié
le 23 août 2023