jean fourastie

Le Vendredi 10 février 2017 au  séminaire, Les promoteurs d’une idéologie progressiste, les « visionnaires de la modernité » d'Alexandre Moatti, Régis Boulat, de l'université de Haute-Alsace a fait un exposé sur : 

Jean Fourastié et Alfred Sauvy, deux visionnaires de la modernité 

Notes prises par Claude Gormand

 

 Né en 1898, Alfred Sauvy fait ses études secondaires au Lycée François-Arago à Perpignan, puis au Collège Stanislas de Paris.

 Mobilisé (1917-1918), il prend part à la fin de la Première Guerre mondiale. Puis il entre à l'École polytechnique (X 1920). Bien que désirant faire du théâtre, il travaille de 1922 à 1937 à la Statistique générale de la France (SGF, ancêtre de l’INSEE) ; en 1929, il succède à Jean Dessirier à la direction de la conjoncture. Il écrit un article sous le pseudonyme de Victor de la Raho (nom de son village de naissance). Il entre en contact en 1934 avec Paul Raynaud, avec qui il collaborera à partir de 1938. Il fréquente les milieux du théâtre et de la presse, se lie avec Tristan Bernard, rédige des critiques théâtrales, des grilles de mots croisés et de petits scénarios pour ses coéquipiers de rugby, parmi lesquels Jacques Tati. Un décret-loi en 1938 crée l’Institut de la conjoncture dont il devient le directeur.

Né en 1907, Jean Fourastié est centralien (Promotion 1930) et poursuit ses études à l’École Libre des Sciences Politiques (ELSP) et à la Faculté de Droit ; ne désirant pas devenir ingénieur, il passe le concours de commissaire-contrôleur des compagnies d’assurances. Il obtient un poste en 1934 et découvre qu’il existe un fossé entre la science économique et la « réalité ». Il soutient une thèse sur le contrôle de l’Etat sur les sociétés d’assurances qui sera publiée chez Dalloz en 1937. Il participe au plan comptable des assurances, le premier plan comptable en France. Il deviendra praticien et expert de l’économie, haut fonctionnaire, enseignant à l’EPHE, à l’ENA, à l’Institut d’Études politiques et au CNAM.

Experts désireux d’éclairer l’action pendant la seconde guerre mondiale

Alfred Sauvy dirige l’Institut de la Conjoncture :

- Il souhaite développer la conjoncture et l’information économique,

- L’Institut de la conjoncture publie : André Vincent Le progrès technique en France depuis 100 ans avec une préface d’Alfred Sauvy (1944) : la productivité est la mesure du progrès technique

- Sauvy écrit des articles sur la population,

- il s’insère dans différents réseaux et institutions de réflexion économique où il milite pour le développement de l’information économique.

 

Jean Fourastié, le CNAM et la comptabilité :

  • Il entre au CNAM et est amené à remplacer Maxime Malinski (juif, obligé à disparaître pendant la guerre) en 1940 comme chargé de cours d’assurance,
  • Il participe aux travaux de la commission du Plan comptable,
  • Il écrit des Que-sais-je ? : La comptabilité (1943), L’économie française dans le monde (1945).
  • Il est appelé au Commissariat au Plan par Jean Monnet qui a lu L’économie française dans le monde, avec Robert Marjolin.

Le club des optimistes du Plan

-          Missions de Jean Fourastié aux États-Unis et en Suède,

-          Rencontre avec Colin Clark et remise en cause de l’économie politique traditionnelle : les trois secteurs qu’il redéfinit selon l’intensité du progrès technique, et dont il apprendra plus tard que c’est Allen Fischer qui les a distingués le premier.

-          Publication du Que-sais-je, La civilisation de 1960, en 1947,

-          Présidence de la Commission de la main d’œuvre au Plan (commissariat à la Productivité)

-          Mise en route du plan Marshall avec les missions de productivité aux États-Unis

-          Un vulgarisateur de talent :

Le grand espoir du vingtième siècle, PUF, 1949 (300 000 exemplaires, traduit en sept langues), avec les encouragements de Jean Monnet.

Les arts ménagers ou Histoire du confort (1950),

Machinisme et bien être (1951),

La productivité (1952), 112 000 exemplaires vendus en 1952.

« Le petit catéchisme de la modernisation » et la formation des élites

1)      La science économique sert aux décideurs,

2)      La productivité, condition du progrès

3)      À contre-courant.

Le « bataillon sacré de la productivité » était formé d’ingénieurs et juristes, marqués par la crise des années 30 et la défaite de 1940 et familiers des États-Unis, désireux de faire de la productivité un concept global d’entreprise et la variable motrice de la politique économique et sociale. D’où la création du Comité National de la Productivité (CNP) et de l’Association Française pour l’Accroissement de la productivité (AFAP).