Mémoires en forme de dialogue avec sa fille Jacqueline, par Jacqueline Fourastié et Béatrice Bazil,

Pour lire l'ouvrage : Jean Fourastié entre deux mondes

EXTRAITS DE L'AVANT-PROPOS

Pourquoi ce titre "Jean Fourastié entre deux mondes"?

La principale raison a déjà été exprimée : pendant qu'il travaillait à ce dernier livre, Jean Fourastié est décédé ; la mort est un passage... L'autre raison est que la vie de Jean Fourastié s’est située entre deux mondes : le monde traditionnel et le monde de demain. Sa vie a été un perpétuel retour aux racines de l'humanité, à travers ce qu'il a perçu dans les livres, et surtout la contemplation de son village de Douelle : la mentalité traditionnelle, ses richesses morales et religieuses, les rites, mais aussi la résistance au progrès. Il a su lire dans le passé les germes de l'avenir, et comprendre la continuité et les ruptures qu'a engendrées le progrès technique dans le monde occidental ; ainsi, il a entrevu le monde futur. Il a fait de la prospective dès avant que le mot n'existe... et depuis qu'il existe.

 Il faudrait encore parler du monde du réel et de celui du surréel. Pour Jean Fourastié, il y a le réel, objet d'expérience ou d'observation scientifique, et le surréel, tout ce que la science ne peut apprendre, mais dont l'existence réelle est postulée par le réel observable. Le surnaturel fait partie du surréel, mais en font partie également des événements uniques ou rares, des objets... qui n'ont jamais été observés. Ces deux mondes sont ceux que Jean Fourastié "voyait" dans sa longue et fréquente méditation devant La sépulture du Comte d’Orgaz, du Greco...

Jean Fourastié entre deux mondes, tenant l'équilibre du passé vers l'avenir, du réel vers le surréel et le surnaturel... Nous voudrions le faire connaître encore davantage ou plutôt faire ce qu'il désirait vraiment : transmettre ce qu'il lui a été donné de voir clairement ; il avait conscience d'avoir reçu une part de l'intelligence de la condition humaine et il pensait que ce don lui était confié pour communiquer à tous ce qu'il découvrait : servir l'humanité était sa seule ambition...