Polytechnicien, ayant eu à prendre note de cours dictés dès la prépa, Sauvy en était resté fervent des écritures concises : aller droit au fait, dégraisser l’expression, trouver des formules inédites et marquantes. Il annotait impitoyablement les textes de ses collaborateurs à l’INED. Il avait réuni tout un dossier, qu’il dénommait « sottisier » et qui rassemblait, piochés au hasard de ses lectures, des contre-exemples.

Il n’est donc pas surprenant que, surtout dans les années 1960, il devienne un défenseur militant de la langue française, face à l’américanisation de la France dans ses diverses modalités : supermarchés, « MacDos », et surtout incursions de ce qu’on appela le franglais. Homme agissant, aux multiples contacts dans l’édition, la presse et l’administration, il s’efforça d’ériger des barrages.

Pour ce faire, sous de Gaulle, il fit de multiples démarches auprès d’André Malraux, le ministre de la Culture. Malraux lui accorda un entretien, à la suite duquel Sauvy le bombarda de messages pour inciter le gouvernement à légiférer. Bref, Sauvy œuvra sans succès législatif.

Son action ne trouvera de réussite qu’une génération plus tard, avec la loi Toubon – dénommée facétieusement All Good – censée combattre chez nous les innombrables abus de l’anglais et des anglicismes.

Autre facette de Sauvy défenseur de notre langue, son ferme soutien aux organismes promouvant la francophonie. En particulier, il entretint dans les années 1970 et 1980 une correspondance nourrie avec le linguiste Bernard Cerquiglini, placé à la tête de l’Institut national de la langue française, du Conseil supérieur de la langue française (dont le président en titre est le Premier ministre), et délégué général à la langue française et aux langues de France.

À cela s’ajoutent des articles de presse et de revues sur le thème, entre autres, du refus de l’anglais comme langue de communication, dans les réunions internationales, par les scientifiques français et francophones.

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